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Par admin at 10/07/2017 13:35 |
 

Adorer

crédit : Bertrand Lejeune

En écrivant cet article, je souhaite partager mon désir : que celui qui adore déjà ne cesse pas d’adorer ! Que celui qui n’adore pas encore, trouve en ces lignes un appel à vivre cette aventure d’un saisissement admiratif et amoureux pour ce Dieu si grand et si humble qui s’est révélé en Jésus, « Verbe fait chair 1 », « reflet resplendissant de la gloire du Père, expression parfaite de son être. 2 »

Plus grand que l’homme, Dieu… et quelle confusion admirative de l’homme, quand il découvre que le Créateur et Maître de toutes choses veut faire alliance avec lui, être proche de lui et cheminer avec lui, pour l’amener à la source d’un amour inépuisable… Cette confusion admirative et amoureuse, c’est l’adoration qui suscite reconnaissance, louange, humble offrande de soi, et généreuse disponibilité.

Largement présente en toutes les religions, l’adoration vise des objets divers, (des forces de la nature aux esprits invisibles ; du prince « parent » ou « lieutenant » de la divinité au « Dieu UN » qui vient à la rencontre de l’être humain), revêt des formes multiples, (baiser, agenouillement, prostration, sacrifices…), et doit souvent être vécue en des lieux spécifiques.

Ici, nous voudrions nous en tenir à ce que la Révélation du Dieu d’Israël nous découvre, pour en arriver à l’intérêt actuel pour cette forme d’adoration qu’est l’adoration eucharistique.

La révélation biblique

Nous voyons déjà Abraham et les patriarches adorer Celui qui se révèle à eux et les conduit dans leur cheminement. Une étape majeure est franchie avec la sortie d’Egypte. Lorsque le Seigneur libère son peuple, Il lui donne sa Loi. Elle est lieu d’apprivoisement, d’Alliance et d’éducation. En découvrant la juste attitude envers son Dieu, le peuple apprend à connaître et à « fréquenter » Celui qui l’a sauvé. « Ecoute, Israël… le Seigneur est l’Unique… Tu craindras le Seigneur ton Dieu, tu le serviras3 » (Dt 6,13) Cette écoute et cette reconnaissance du Dieu créateur et libérateur sont assez essentielles pour être rappelées à maintes reprises, tout au long de l’histoire d’Israël… Aujourd’hui, ne percevons-nous pas nous-mêmes qu’adorer Dieu, n’adorer que Lui, et L’adorer « d’un cœur droit » demeure un défi et un combat permanents ?

Mais alors, la véritable adoration du Dieu vivant est-elle possible sans l’action même de Dieu en chacune de nos existences ? L’Esprit de Dieu se joint à notre esprit pour crier « Abba » (Rm 8,15 ; Gal 4,6), et nous introduire dans cette forme paradoxale d’une audacieuse et jubilante familiarité envers Celui que nul ne peut « voir face à face, sans mourir » (Ex. 34,20)

Ceux qui sont « nés de l’Esprit » (Jn 3,8) peuvent adorer en « esprit et vérité ». Ce sont d’ailleurs de tels adorateurs que cherche le Père (Jn 4,23-24). Celui qui se révèle en Jésus, inspire la véritable adoration. Inspirée par l’Esprit divin, l’adoration élève la créature à la dignité d’enfant de Dieu, par son lien au « Fils premier né » (Rm 8,29). Ainsi, l’adoration véritable naît dans la petitesse dont la créature fait l’expérience face à son Créateur, et en même temps restaure cette créature dans sa dignité, et lui fait connaître et reconnaître son Seigneur et son Dieu (cf. Jn 20,28). Loin d’humilier l’adorateur, l’adoration le relève, comme la rencontre avec un personnage important honore « l’inférieur ».

Il est juste d’adorer Jésus : « Dieu l’a élevé au-dessus de tout ; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms, afin qu’au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l’abime, tout être vivant tombe à genoux, et que toute langue proclame : « Jésus-Christ est le Seigneur » pour la gloire du Père » (Ph 2,9-11). Plus avant dans les évangiles, Thomas, Pierre, le soldat au pied de la croix, et bien d’autres encore, portent à Jésus une considération qui revient à Dieu seul !

La célébration eucharistique

Dès les origines, la relation à Dieu, en Jésus, trouva un lieu singulier dans la célébration eucharistique. Celui qui s’offre à son Père, avec ses disciples rassemblés, est aussi Celui qui se donne à eux en nourriture pour la vie éternelle (cf. Jn 6).

A partir de l’eucharistie, pour des raisons diverses, l’adoration s’est progressivement développée en dehors de la célébration4. Jusqu’à connaître, aujourd’hui, de manière renouvelée, une faveur qui appelle notre attention.

Cette estime actuelle s’enracine dans le désir des fidèles de demeurer en présence de leur Seigneur ; elle renvoie aux demandes transmises par des Saintes (Ste Julienne du Mont Cornillon, Ste Marguerite-Marie Alacoque…), ou à leur exemple (Bx Charles de Foucauld,…). Le besoin de silence qui accompagne souvent cette forme d’adoration, celui d’un « support à la contemplation » sont aussi invoqués5. Mais, peut-on exclure qu’un tel engouement réponde à un appel du Seigneur lui-même pour notre temps ? L’adoration eucharistique ne peut-elle pas être un lieu bouleversant de rencontre avec « ce Cœur qui a tant aimé les hommes qu’il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour »6 ?

Mais une telle rencontre ne peut être livrée aux ambivalences du cœur de l’homme. Elle doit s’enraciner dans le « mysterium fidei », dans une intelligence éclairée sur ses fondements bibliques, sacramentels, ecclésiaux, ses implications. C’est pourquoi l’Eglise a voulu organiser l’adoration eucharistique en dehors de la messe. Elle a donné un Rituel7, et les Papes récents ont développé une catéchèse, sur lesquels nous voudrions clore cet article8. Plusieurs points méritent d’être relevés.

Une catéchèse

Il ne serait pas juste de réduire l’adoration à sa forme « eucharistique hors de la messe ». Toute l’existence humaine est « lieu » d’adoration du Dieu vivant. J’adore Dieu, en Jésus Christ, lorsque je fais de ma vie un service de la volonté du Père céleste et une offrande pour sa gloire dans le service de mes frères. Recommandée, l’adoration eucharistique n’a jamais été imposée ; certains Instituts n’en ont pas la pratique9.

Et il faut aussitôt ajouter que la célébration de l’eucharistie est le lieu « par excellence » de l’adoration. Saint Augustin n’affirmait-il pas : « que personne ne mange cette chair, sans d’abord l’adorer… nous pécherions si nous ne l’adorions pas »10. Et l’Exhortation de poursuivre : « Dans l’Eucharistie, en effet, le Fils de Dieu vient à notre rencontre et désire s’unir à nous ; l’adoration eucharistique n’est rien d’autre que le développement explicite de la célébration eucharistique, qui est, en elle-même le plus grand acte d’adoration d’Eglise. Recevoir l’Eucharistie signifie se mettre en attitude d’adoration envers Celui que nous recevons. »11 Adorer le Saint-Sacrement « renvoie » à l’eucharistie, et à l’événement par lequel Jésus rassemble ses amis, leur donne la Parole du Père, les unit à sa propre offrande à son Père, et se donne en nourriture à eux, afin qu’ils aient la vie éternelle (Jn 6,54.56)

L’adoration eucharistique, parce qu’elle en rapport intrinsèque et vital avec l’eucharistie, doit communiquer aux adorateurs la vie et les sentiments mêmes du Christ envers son Père et ses frères. Loin d’être stérile, une authentique adoration eucharistique produit des fruits réels : la participation à l’obéissance filiale du Christ (Lc 22, 42 ; 23, 46), la charité fraternelle du Christ (le même pain partagé par les disciples en fait un seul Corps), et la passion du Christ pour le salut du monde. L’adoration configure progressivement l’adorateur à Jésus, dans sa communion au Père, l’amour de ses frères, et sa disponibilité à faire la volonté du Père (Jn 4,34 ; 1Tim 2,4).

Pour faciliter ce travail de la grâce divine, une catéchèse adaptée doit être dispensée qui porte sur la célébration eucharistique elle-même, et sur son « prolongement » dans l’adoration12.

Au terme de ces réflexions, il est opportun de rappeler l’exhortation du Pape Benoît XVI : « … Je recommande donc vivement aux Pasteurs de l’Église et au peuple de Dieu la pratique de l’adoration eucharistique, qu’elle soit personnelle ou communautaire. »13

Pour ma part, je ne doute pas que l’adoration eucharistique, justement vécue, soit une source féconde pour ceux qui s’y adonnent et pour les Communautés chrétiennes, et une parole éloquente pour ceux qui en sont témoins.

 

 

+ Jacques Benoit-Gonnin

Evêque de Beauvais, Noyon et Senlis

 

1 Cf. Jn 1,14

2 Héb. 1,3

3 Plusieurs termes servent à exprimer l’attitude d’adoration à laquelle Israël est appelé. Ils empruntent à la crainte (mais ce n’est pas la peur paralysante), l’admiration, la louange, l’amour inconditionnel et exclusif… Adorer fait donc appel à toutes les facultés de l’être humain, comme l’indique le « grand commandement » : « tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit » (Lc 10,27 et Dt 6,5).

4 Pour rester dans les limites de cet article, nous renvoyons au site du Service National de la Pastorale Liturgique et Sacramentelle (SNPLS) et à l’article « Le culte de l’eucharistie en dehors de la messe » pour un rappel historique. Egalement « la Maison Dieu » 225/2001/1 « l’adoration eucharistique ».

5 Cf. op. cité art. Mgr J. Perrier « l’adoration eucharistique : archaïsme, actualité, opportunité ? »

6 Cf Message de Jésus à Ste Marguerite-Marie. Grande apparition de juin 1675. La relation du Saint Sacrement, devant lequel ont eu lieu la plupart des apparitions, avec le Cœur de Jésus, inscrit l’adoration dans la forme d’une « rencontre amoureuse. »

7 Rituel de l’Eucharistie en dehors de la messe 1983. Spécialement le chap. III : les différentes formes de culte à rendre à l’Eucharistie.

8 Plusieurs documents des Papes, Congrégations, Episcopats… peuvent être étudiés. Entre autres : Jean-Paul II, « reste avec nous, Seigneur » 2004, (n°18) ; Benoit XVI, Sacramentum caritatis » 2007…

9 Cf. « la Maison Dieu » 225, 2001/1, 9-18 Mgr J. Perrier « l’adoration eucharistique : archaïsme, actualité, opportunité ? » p. 10

10 St Augustin « Ennarrationes in Psalmos 98 » cité in « Sacramentum caritatis » 66

11 Benoit XVI « Sacramentum caritatis » 66

12 Idem 67

13 Idem 67

Reproduit avec l’aimable autorisation de la revue Voix nouvelles (n°88 – janvier2014)