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Par admin at 10/07/2017 13:35 |
 

Guibert de Nogent

Moine de l'Abbaye de Saint Germer de Fly, historien de la première croisade

Sommaire

1- Une jeunesse tumultueuse

2 -La vocation

3- Une vie vouée à l'étude et à l'écriture

4- Les écrits

5- Des anecdotes

6- Les croisades

> sources

- Père Loïc Corlay Notes dactylographiées sur la vie de Guibert - Jacques Levron Histoire de la France
- Chronique de la France et des Français
- Le figaro magazine n° 18322
- Pierre Gaxotte Histoire des français
 

En bref

Guibert de Nogent ( 1055-1125), moine de saint Germer de Fly, est avant tout connu pour avoir été l'historien de la première croisade, dont il était le contemporain.

Il se montre précurseur de la méthode historique : il cite ses sources, distingue les témoignages directs, mentionne avec plus de réserve les informations de seconde main et se montre circonspect pour les nouvelles douteuses. 

1- une jeunesse tumultueuse

Guibert naît à Catenoy, près de Clermont, très précisément le samedi Saint de l'an 1055 (15 avril) d'une famille de chevaliers.

Notons qu'il est très exceptionnel d'être aussi précisément informé de la date exacte de la naissance d'un homme du XI° siècle mais nous le savons de par son autobiographie qu'il a rédigé et qui est une mine d'informations sur son époque, plus encore que sur sa vie personnelle.
Son père meurt peu après sa naissance. Et tandis que ses frères se mettent au service de féodaux, sa mère, Bertille, se retire auprès de l'abbaye de st Germer, pour mener une vie de prière avec une compagne âgée, dans une maison qu'elle fait construire.

Guibert a 12 ans ; il est très attaché au maître d'école qui fait son éducation mais ce dernier entrant comme moine à st Germer, il reste auprès de ses grands-parents, qui lui laissent toute latitude.

Il se met alors à se comporter en parfait garnement : " Je me moquais de l'Eglise ; je pris l'instruction en horreur ; je recherchais la compagnie de jeunes cousins imbus d'exploits de chevalerie ; je me débauchais d'une manière qui n'était pas de mon âge. Je cherchais querelle à des garçons plus âgés…"

2- La vocation

C'est au prix d'un dur combat intérieur que Guibert vient un jour se jeter aux pieds de l'abbé pour le supplier de l'accepter comme moine mais sa mère se montre réticente : elle se demande quel avenir aurait cette soudaine vocation.

Il est poussé aux études mais les prend en dégoût au point de se préparer à quitter le monastère.

Sa mère a alors une vision de Notre Dame de Chartres : " C'est moi qui l'ait mené ici; je ne souffrirai à aucun prix qu'il s'éloigne." Dès lors, très impressionné par la vision de sa mère, Guibert adopte sans retour la vie monastique.

Ne pouvant plus supporter l'inconduite de son fils, Bertille demande à l'abbé de st Germer de le prendre en pension parmi ses moines pour que son précepteur poursuive son éducation. 

3- une vie vouée à l'étude et à l'écriture

L'abbé du Bec-Hellouin; le futur st Anselme de Canterbéry, vient de passage à st Germer. Il initie le jeune homme à l'analyse des Ecritures selon la méthode de st Grégoire le Grand : rechercher les sens littéral, allégorique, moral, anagogique, du texte sacré. Guibert y excelle.

Entre ses 25 et ses 30 ans, il rédige l'étude la Genèse, en dix livres. Ses commentaires le font connaître. Il a la surprise d'être nommé abbé du petit monastère de Nogent-sous-Coucy au pied du château de ce nom, au bord de l'Ailette à 25 km au Sud-Ouest de Laon. Nous sommes en l'an 1105, il a 50 ans.

Il garde cependant la nostalgie de st Germer, au point d'interrompre son abbatiat pour y retourner vivre. Il n'a pas raconté quelles tensions, avec ses moines, provoque son retour. La crise se dénouant, il revient définitivement exercer ses fonctions d'abbé à Nogent-sous-Coucy.

Les 15 années suivantes sont les plus fructueuses de sa vie, jusqu'à ce qu'il perde la vue, en 1120.

Il meurt 5 ans plus tard à ses 70 ans. Retenons de lui la délicate piété qu'il vouait à la Vierge Marie. 

 


4- Les écrits

 Il rédige différents traités : sur les rapports avec les Juifs, sur la Vierge Marie, sur les reliques ; sa méthode sur la composition des sermons est très utilisée. Certains de ses sermons - particulièrement celui sur sainte Marie-Madeleine - sont tellement appréciés qu'on les attribua à tort à st Bernard.

Son œuvre maîtresse reste un commentaire des livres des prophètes.

Il contribue à cette réforme de l'Eglise qu'on appelle réforme grégorienne, du nom du pape Grégoire VII qui en donna l'élan. Chargé de missions par les évêques de Laon, il rencontre le pape Pascal II. On relève dans ses écrits des propos souvent très durs sur la décadence de nombreux prêtres et moines. 

 

 

 

6- Historien de la première croisade 1096-1099

 La Terre sainte et Jérusalem étaient tombés entre les mains des Infidèles. Venu consacrer plusieurs églises, Urbain II, pape français et clunisien, déclare le 27 novembre 1095 lors du concile de Clermont, : "je vous avertis et vous conjure non en mon nom mais au nom du Seigneur, vous les hérauts du Christ, d'engager par de fréquentes proclamations les Francs de tout rang, gens de pieds et chevaliers, pauvres et riches, à s'empresser de secourir les adorateurs du Christ et de chasser loin des régions soumises à notre foi la race impie des dévastateurs….. C'est le Christ qui l'ordonne…..A tous ceux qui partiront là-bas…. Une rémission immédiate de leurs péchés leur sera faite ; je l'accorde à tous ceux qui vont partir, investis par Dieu d'un si grand don….."

Son brûlant discours est accueilli par un enthousiasme indicible, des milliers de chevaliers, de seigneurs sont présents - clercs et laïques se lèvent par milliers et c'est au cri de "Dieu le veut" que la foule demande la bénédiction du pape Urbain II avant de partir en Orient.

Le petit peuple part sous la conduite d'un moine d'Amiens, Pierre l'Ermite et d'un petit chevalier, Gautier-sans-Avoir. Des milliers de pauvres gens vont ainsi se lancer sur les routes sans pouvoir achever l'immense voyage.

Le 1er août 1096 cette foule est à Constantinople, mais le Bosphore à peine franchi, elle se fait massacrer par les Turcs. Essayons d'imaginer un voyage à pied ou à cheval au XI° siècle. Ce sont des milliers de kilomètres sur un itinéraire incertain, en traversant des pays parfois hostiles, en affrontant la faim et la soif, tout cela pour des contrées que les pèlerins ne connaissent même pas ; est-ce l'appât des terres qui les a attirés ? Rien n'est moins sûr.. L'historien Jacques Heers ( professeur honoraire à la Sorbonne) montre que de larges étendues étaient encore en friche en Occident. Seule la foi, une foi profonde peut pousser des croyants à se dépasser.

Portant sur leur écu l'emblème de la Croix, les seigneurs, eux, foncent sur l'Infidèle au moment où l'Eglise et l'autorité royale interdisent les guerres privées entre seigneurs féodaux, ces guerres ruinant le petit peuple des campagnes.
Les croisades vont leur permettre de satisfaire leurs instincts combatifs tout en leur assurant la rémission de leurs fautes promises par le pape ainsi que divers avantages matériels et moraux à qui prendrait la croix.

Beaucoup de nobles du Beauvaisis et des pays voisins prennent part au grand mouvement, par enthousiasme ou par persuasion. Ils font à cette occasion des ventes et des largesses qui profitent surtout au clergé. On peut citer entre autres : Roger II, évéque de Beauvais, Dreux 1er de Mouchy et ses vassaux, Waleran de Breteuil, Gilbert et Baudouin de Clermont, Renaud de Beauvais, Clérembaud de Vendeuil, Albert de Bailleu. Baudouin de Clermont se signale à la bataille d'Antioche, Renaud de Beauvais est tué et Roger II fait prisonnier puis délivré.

Conduits par Godefroi de Bouillon, ils parviennent en Palestine et le 15 juillet 1099 s'emparent de Jérusalem. Un royaume latin est créé sous l'autorité de Godefroi de Bouillon puis de son frère Baudouin. D'autres états chrétiens sont fondés. Les barons se partageant la Palestine en royaumes et en principautés selon les coutumes féodales ; un ordre hospitalier et militaire est fondé par Hugues de Payens, près du temple de Jérusalem : celui des Templiers.

Si les premiers croisés sont des pénitents motivés par un but spirituel, s'il y a surtout des seigneurs français à entreprendre la première croisade par obéissance à la gesta Dei per Francos (la volonté de Dieu par les francs), les croisades ne sont pas uniquement animés par un sentiment religieux.

Après l'élan mystique, elles vont devenir politique, économique en permettant de développer le commerce avec l'Orient. Rappelons brièvement qu'il y aura en tout huit croisades. La dernière en 1270, conduite par st Louis est un désastre. L'armée est décimée par une épidémie et le roi meurt sur le sol tunisien … En 1291 Saint-Jean-d'Acre, la dernière citadelle chrétienne du Levant, tombe aux mains des Egyptiens. L'aventure est terminée.

Laissons le mot de la fin à Emmanuel Le Roy Ladurie : " la première croisade est animée par un mysticisme incontestable, même si l'entreprise se charge ensuite d'un autre contenu : occupations, colonisation, affaires commerciales, préoccupations territoriales et rivalités féodales."
 

5- Des anecdotes concrètes extraites de sa biographie

Il cite deux cas de détournements de fonds causés par des moines de st Germer : le premier, chargé de la réfection d'une route avait recueilli des dons. Il en garde une partie, tombe malade et ne s'en confesse que sur son lit de mort. Au décès d'un autre moine, on découvre sur lui une bourse contenant de l'argent confié par une châtelaine. La dysenterie qui l'a emporté est alors considéré comme un châtiment du ciel ; le conseil de l'abbé lui refuse la sépulture chrétienne, il est enterré en plein champ, la bourse déposée sur sa poitrine.

Guibert raconte aussi comment " la foudre brisa ou brûla le coq qui s'élevait au-dessus de la tour, la croix et la flèche qui la portait, ébranla la poutre sur laquelle ces divers objets étaient appuyés, et renversant et brûlant à moitié les lattes qui entouraient la clef de la porte, elle entra dans la tour ( probablement une tour lanterne de croisée portant croix et coq comme on le voit à l'époque en Normandie ou à st Etienne de Beauvais. C'est d'ailleurs la première mention d'une girouette en forme de coq sur une église en France, les premières étant apparues en Italie vers l'an 800) par cette porte vitrée placée du côté de l'Occident. Là elle brisa, mais sans la brûler, l'image posée debout, et représentant le seigneur crucifié ( sans doute un Christ de poutre de gloire à l'entrée du chœur). La flamme glissant le long de la voûte, sous laquelle était placée l'image qu'elle venait de briser, traça sur le ciment de cette voûte un double sillon de couleur noire, et pénétrant alors dans le chœur, elle alla frapper deux moines …." D'autres moines furent commotionnées et reçurent aussitôt l'Extrême-Onction. Mais ceux-là survécurent. Guibert observe un dépôt de poussière sur les yeux d'un des cadavres.

Un accident du même type nous apprend que les moines élevaient des paons dans leurs appartements. Un des volatiles s'était couché, bien au chaud, sur les cendres d'une cheminée qu'il obstruait. La foudre tombe dans la cheminée. Elle frappe un domestique qui en reste paralysé. Un novice dormait dans une telle innocence qu'il ne fut pas réveillé. On ne sait ce qu'il advint de la volatile !

L'autobiographie de Guibert fourmille aussi de récits de démons venant tourmenter des pécheurs, de cadavres disparus de leur cercueil, d'apparitions de damnés, de possédés dénonçant les péchés des moines, d'un grand chien noir poursuivant un réprouvé, de moines s'adonnant à la sorcellerie. Ces épisodes se situant à une époque crédule, où tout peut servir à stimuler la réforme de l'Eglise.

Il est indiscutable que dans ces histoires édifiantes ou purement anecdotiques mais relevant de la vie quotidienne, Guibert n'exerce pas le même esprit critique qu'en écrivant le récit de la première croisade.