Frère Benoît — Église catholique dans l'Oise | Diocèse de Beauvais

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Par admin at 10/07/2017 13:35 |
 

Frère Benoît

Moine de saint-Germer-de-Fly

Les lettres 67 et 68, de la correspondance de St Bernard, reflètent le conflit qui l'oppose aux moines de st Germer en 1125. A cette époque, le monastère était connu sous le nom de l'Abbaye de Flay-en-Beauvaisis. Un médecin demande un jour à entrer comme moine. Sous le nom de frère Benoît, il s'engage par des vœux solennels. Bientôt ses compétences sont sollicitées, il soigne les malades à l'entrée du monastère. Puis son abbé lui demande d'aller apporter ses soins chez des seigneurs des environs, par charité chrétienne et peut-être aussi pour s'attirer leur obligeance. Frère Benoît va notamment soigner un excommunié - mais on excommuniait facilement au Moyen Age !

Entré au monastère pour chercher Dieu dans la prière et la solitude, il séjourne de plus en plus hors de son monastère. L'obéissance lui commande de passer du temps chez des nobliaux pas toujours recommandables, souvent "tyranniques, pillards"… Ses courses pour se procurer des remèdes se font de plus en plus lointaines. Il porte encore la bure monastique mais il prend goût à cette errance où finalement il vit bien. Voilà frère Benoît en rupture de communauté !

Ses déplacements le conduisent en Bourgogne où St Bernard a fondé, neuf ans auparavant, le monastère de Clairvaux. La communauté est dans la ferveur des fondations : les candidats se bousculent. Frère Benoît est saisi par l'enthousiasme et la piété de cette jeune communauté qui obéit à la règle de St Benoît et se partage entre la prière et le travail - chaque frère doit servir la communauté avec ses dons - les artisans et les paysans travaillent de leurs mains, les lettrés étudient et recopient les textes sacrés. Chacun doit satisfaire aux exigences évangéliques : amour, pauvreté, humilité.
Saint Bernard a été choisi par ses frères pour fonder ce monastère de Clairvaux car son ascèse et sa sagesse forcent leur admiration. Durant des jours entiers il sait s'isoler du monde et vivre dans la privation. On raconte qu'il reste perdu dans la prière, qu'il fascine ses auditeurs dès qu'il parle car il sait aller à l'essentiel et convertir les cœurs. Rajoutons que saint Bernard a été un des grands réformateurs de la vie monastique au XII° siècle.

Frère Bruno donc, à son contact, retrouve sa vocation. Il demande à être intégré à Clairvaux. Mais ce moine vagabond, quasi défroqué, n'inspire aucune confiance. Bernard refuse. Il lui accorde seulement de se construire une cabane aux abords et d'y vivre en ermite.

Frère Benoît y vit une authentique conversion. Les Pères chargés du contact sont frappés par la sincérité de sa conduite. Il est admis alors à Clairvaux. La nouvelle arrive vite aux oreilles de l'abbé Hildegard, de St Germer. Ce dernier exige par courrier que Benoît soit renvoyé dans son abbaye.

Hildegard est une personnalité, il "brille comme un astre" au dire d'un de ses contemporains. Il prend très au sérieux l'engagement que frère Benoît a pris à st Germer. Conscient de l'ancienneté et de la renommée de son abbaye, il refuse de s'en laisser compter par un jeune abbé - Bernard a alors trente-cinq ans - fondateur peut-être, mais d'un ordre naissant ! Sa lettre est acerbe et virulente. Le droit semble être de son côté : la Règle de St Benoît, que suivent tous les monastères interdit expressément d'accueillir le transfert d'un moine venant d'un monastère connu, à moins que les deux abbés ne l'aient convenu ensemble ce qui n'est pas le cas présentement.

Bernard répond une première fois. Il s'offusque de la colère des moines de St Germer : "Votre tristesse n'est pas selon Dieu". Il prend le ton de l'irrévérence "vous supposez que votre monastère nous est connu. Vous assurez avec emphase qu'il jouit d'une telle célébrité que sa réputation s'étend jusqu'à Rome. Nous ignorons absolument le nom de vos abbés, de vos religieux, de votre maison, de votre congrégation." Bernard insiste sur la distance : "nos monastères sont lointains ; ils ne relèvent ni du même diocèse, ni de la même métropole, ni de la même province" et suprême effronterie "ni du même langage". Le Bourguignon ironise sur le parler des Picards ! Bernard reproche à Hildegard d'avoir poussé frère Benoît hors de son monastère, il rappelle ses hésitations à le recevoir et conclut qu'il va le garder.

Hildegard ne décolère pas ; il écrit une seconde missive, plus enflammée encore. Bernard en prend à son aise dans un second courrier : "votre modération aurait dû se contenter des explications que nous vous avons donné. Nous avons recueilli un religieux abandonné, inconnu, vagabond, pauvre, malheureux, en danger de perdition, en quête de salut, frappant à notre porte et nous conjurant de lui ouvrir" et use alors d'un autre argument : il a excommunié frère Benoît et ne lèvera la sentence que s'il revient à St Germer. Bernard réplique aussitôt que l'excommunication est sans effet, parce que sans autorité, car lorsque Hildegard l'a prononcée, frère Benoît était déjà sous son autorité. Frère Benoît faisant son salut, il le garde pour ne plus l'exposer à "la dissipation et l'indiscipline religieuse" auxquelles son ancien abbé l'avait affecté.

Les choses en restèrent là. Frère Benoît fut désormais un religieux exemplaire, sous la conduite de St Bernard.


 

Sources :
 

  • Père Loïc Corlay "notes dactylographiées sur frère Bruno"
  • Jacques Levron - "Histoire de la France"
  • Chronique de la France et des Français