Pierre Cauchon — Église catholique dans l'Oise | Diocèse de Beauvais

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Par admin at 10/07/2017 13:35 |
 

Pierre Cauchon

évêque de Beauvais. Il jugera Jeanne d'Arc.

Sommaire

1- Sa jeunesse
2- Un universitaire parisien
3- Une activité politique active
4- L' évêché de Beauvais
5- Pierre Cauchon et Jeanne d'Arc
6- Sa mort
7- La réhabilitation de Jeanne d'Arc
8- Pierre Cauchon et la postérité

> Les sources

cauchon-vign.jpg  

 

Ses armoiries qui figurent notamment dans la cathédrale de Lisieux sont d'Azur à six faces d'argent, accompagnées de trois coquilles d'or.

 En bref

Pierre Cauchon est né vers 1371 à Reims ou dans les environs.
Issu de la prestigieuse université de Paris, c'est un grand érudit et un homme politique : il est maître ès arts, licencié en droits canoniques, docteur en théologie, chanoine de Beauvais en 1409, recteur d'université, défenseur de Jean sans Peur au Concile de Constance, maître des requêtes au Parlement en 1418.
Il est l'un des membres actifs du parti réformiste, gallican et bourguignon.
En 1420, sur la recommandation de Henri V, duc de Bourgogne, il devient évêque de Beauvais et à ce titre est le principal animateur du procès de Jeanne d'Arc puisque cette dernière a été prise dans son diocèse, à Compiègne. Après sa mort, il est nommé, en 1431, évêque de Lisieux.
Il meurt à Rouen en 1442.

Ils ont dit de lui

- " Il parlait avec force et éloquence." Bourassin
- Jeanne d'Arc s'adressant à Pierre Cauchon : " Evêque, je meurs de par vous ! …. J'en appelle de vous devant Dieu !"

-Lettre de Nicolas de Clamanges adressée à Pierre Cauchon : " Je m'appliquerai, selon mes forces, à ce que tu n'aies pas honte de mon amitié (que tu as toi-même voulu revendiquer le premier). De même, je tenterai de faire en sorte que tu ne regrettes pas de m'avoir cherché et trouvé comme ami, compte tenu des services si éminents que tu m'as rendus et, qui plus est gratuitement."

- " C'est une personne très prudente et très bénigne et un homme de grand savoir." L'université de Paris

- Le pape Martin V louant " l'honnêteté des mœurs, la prudence dans les matières spirituelles, l'habilité dans les temporelles ; et autres dons de multiples vertus, clairement montrés par des témoins dignes de foi dans la personne de son très cher fils Pierre Cauchon."

- Il est regrettable que si apprécié il n'ait laissé aucun traité dogmatique connu du moins. On ne connaît de lui que les lettres qu'il expédia lors du procès de Jeanne d'Arc.

 

1- Sa jeunesse

Bien que la première notice que nous possédions de Pierre Cauchon date de 1403, les historiens situent, en général, sa naissance à Reims ou dans les environs, en 1371.

Il fait partie de l'illustre famille bourgeoise de la ville et si on tient compte de l'éducation qu'il reçoit et de ses études, on peut penser qu'il est issu d'une famille aisée sans toutefois être noble.

Il va à la petite école de la paroisse puis rapidement à l'école capitulaire placée sous la responsabilité de l'écolâtre et destinée à former des clercs. Il y apprend le latin, la grammaire et l'arithmétique.

2- Un universitaire parisien

 En 1385 Pierre Cauchon entre à l'Université de Paris, alors fontaine du savoir qu'Orléans et Toulouse essayaient en vain d'égaler ; seule Montpellier pouvait surpasser Paris pour l'étude de la médecine. L'université parisienne était alors issue de l'école épiscopale du cloître Notre-Dame. Les étudiants y venaient s'inscrire très nombreux, d'Ecosse, d'Angleterre, de Scandinavie.

Pierre suit d'abord l'enseignement de base, la faculté des arts ou 7 arts libéraux qui comprennent le trivium (les lettres) composé de la grammaire, de la rhétorique et de la dialectique, et le quadrivium ( les sciences) avec l'arithmétique, la géométrie, l'astronomie et la musique.

Il est important de comprendre qu'à travers ces disciplines, Pierre va acquérir les rudiments d'une méthode de raisonnement logique qu'il va utiliser tout au long de ses études et de sa vie. Il s'agit de la méthode appelée scolastique* dont l'expression la plus caractéristique est le syllogisme*, chose normale à l'époque mais sa conduite du procès de Jeanne d'arc montrera à quel point les maîtres issus de l'université parisienne en sont imprimés.

En 1391, il devient maître es arts. Puis de 1391 à 1397 il dirige un collège de l'Université. De nombreux documents prouvent qu'il avait une très forte personnalité ce qui le fera rapidement sortir du lot des étudiants.

En 1397 il est durant trois mois recteur d'université, puis obtient sa licence en droit canon, en 1398. Il continue vers la faculté de théologie et est alors confronté aux différents courants de pensées qui agitent les intellectuels de son temps.

En 1403 il devient chanoine de Châlons-sur-Marne et curé d'Egriselles, dans le diocèse de Sens.

· scolastique : enseignement philosophique propre au Moyen Age
· syllogisme : argument qui contient 3 propositions : la majeure, la mineure et la conclusion et tel que la conclusion est déduite de la majeure par l'intermédiaire de la mineure ; exemple : tous les hommes sont mortels (majeure) or Pierre est un homme (mineure) donc Pierre est mortel (conclusion.)

 

3- Une activité politique active

En 1407 c'est l'assassinat de Louis d'Orléans à l'instigation de Jean sans Peur. Le choix de Pierre est vite fait : il sera bourguignon ; il était déjà de cœur avec Jean sans Peur dans sa lutte contre Louis d'Orléans, il ne changera pas de camp.
Ce choix était partagé par un nombre impressionnant de français. Etait bourguignon, la plupart des universitaires parisiens mais aussi la population parisienne et quantité de villes françaises qui se rallient à Jean sans Peur, à tort ou à raison, dès la début de la guerre civile.

 En 1409 il devient chanoine de Reims et de Beauvais, vidame de Reims en 1410 et entre au conseil du duc de Bourgogne. Il fait partie de l'ambassade envoyée par l'Université au duc de Berry.

france1429.gifSes talents diplomatiques sont rapidement reconnus. Il est maintenant très proche du pouvoir. Lorsqu'en 1418 les Bourguignons entrent dans Paris, Pierre Cauchon est commissaire pour juger les prêtres armagnacs. Il est nommé ensuite maître des requêtes et conseiller du roi et participe aux négociations de La Tombe.

Le 19 janvier 1419 les Anglais prennent Rouen. Pierre Cauchon devient référendaire du pape. Il est commis à la garde du petit sceau. Il obtient aussi la prévôté de Lille. Après l'assassinat de Jean sans Peur le 10 septembre, Philippe le Bon devient duc de Bourgogne. 

> Illustration : La france en 1429


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4- L' évêché de Beauvais

L'accession à l'épiscopat représentait pour Pierre Cauchon le couronnement normal d'une brillante carrière ecclésiastique et une telle nomination ne sera possible que grâce à l'appui du roi d'Angleterre, du duc de Bourgogne et du pape avec lequel il est en bon terme. Ce devient possible lorsque le siège épiscopal est rendu vacant par le décès de Bernard de Chèvenon, le 16 février 1420.

Il fait son entrée solennelle à Beauvais le 12 janvier 1421. Il est alors le chef de file du parti bourguignon et le jeune duc de Bourgogne, Philippe Le Bon " se vint joindre au nouvel évêque".

Accaparé par les tâches politiques, il a peu de temps à consacrer à son diocèse. D'ailleurs entre 1420 et 1429, il réside peu à Beauvais, les affaires du royaume l'appelant à Paris ou à Rouen. Les actes qui témoignent de son activité sont de fait peu nombreux. On note cependant que dans l'exercice quotidien de son pouvoir épiscopal, il est souvent en lutte avec la municipalité et qu'il entretient peu de bonnes relations avec le chapitre.

En 1429 grâce à l'action de Jeanne d'Arc, Charles VII est sacré le 17 juillet à Reims. Pierre Cauchon doit quitter Beauvais. Il est envoyé en ambassade en Angleterre du 5 septembre au 9 janvier suivant. Il obtiendra en 1432, l'évêché de Lisieux.

 

 5- Pierre Cauchon et Jeanne d'Arc

jeanne-soldat.gifDurant la guerre de Cent Ans, les armagnacs fidèles à Charles VII et les Bourguignons, partisans de Philippe le Bon et alliés des Anglais, s'opposent. Mais en mai 1429 le cours des événements est brusquement modifié par une femme inconnue qu'on appelle Jeanne la Pucelle. Elle se proclame elle-même détentrice d'une mission surnaturelle. Jeanne obéit aux "voix" de trois saints (saint Michel, sainte Catherine, sainte marguerite ) qui lui ordonnent de se rendre auprès du dauphin et de "bouter" les Anglais hors de France.

Elle réussit à convaincre Charles VII, lève une armée, bat les Anglais à Orléans et à Patay et fait sacrer le roi à Reims.
Les soldats anglais qu'elle épouvante et fait fuir attribuent son pouvoir plus au diable qu'à Dieu. C'est aussi l'opinion d'ailleurs admise par les dirigeants français dont fait partie Pierre Cauchon.
jeanne-combat.jpg
 Mais en 1430 c'est la défaite. Jeanne d'Arc est faite prisonnière devant Compiègne (23 mai). Pierre Cauchon est chargé de son rachat au nom du roi puis de son jugement. Il s'y consacrera exclusivement pendant une année entière, de mai 1430 à mai 1431.
 

A la suite d'un long procès, elle est déclarée sorcière et hérétique par le tribunal ecclésiastique et condamnée à mourir sur le bûcher, livrée au " bras séculier" en l'occurrence l'autorité anglaise. Pierre Cauchon sera grassement payé pour ce procès.
Il est à noter qu'il avait déjà présidé, en 1426 entre autres, plusieurs procès de foi avant celui de Jeanne. Le 3 septembre 1430 alors que Jeanne est prisonnière, deux femmes, dont jeanne-bucher.jpgPierronne la Bretonne, sont brûlées vives à Paris pour avoir soutenu que la Pucelle était bonne et venait bien de Dieu. La lutte contre l'hérésie n'est pas l'obsession de l'évêque Cauchon mais un souci présent à l'esprit de l'ensemble du monde ecclésiastique toujours préoccupé de l'unité du peuple chrétien surtout depuis le Grand Schisme. Après la mort de La Pucelle d'Orléans, il n'imagine pas être responsable du martyr d'une sainte, il avait seulement, pourrait-on dire, jugé une hérétique
 

 6- Sa mort

st pierre-lisieux-vign.jpgIl meurt le 18 décembre 1442 à l'âge de 71 ans environ, dans son hôtel de Lisieux, situé au cœur de Rouen.

Son corps est ramené à Lisieux pour y être inhumé solennellement dans la chapelle de la Vierge qu'il avait fait bâtir, entre 1433 et 1442. C'est une gracieuse construction située au chevet de la cathédrale de Lisieux que selon la tradition, il aurait fait édifier pour se repentir d'avoir fait mourir Jeanne d'Arc mais aucun écrit ne permet d'étayer cette thèse. 

> Photo de la cathédrale St Pierre de Lisieux.

cauchon-crosse.jpgA l'occasion du cinquième centenaire du procès de Jeanne d'Arc, soit le 25 avril 1931, des fouilles sont entreprises dans la cathédrale pour retrouver la sépulture de Pierre Cauchon. On retrouve facilement le caveau qui n'avait pas bougé depuis 1442 ! A l'intérieur, un premier cercueil de plomb contenait les restes d'un cercueil de bois ainsi que les ossements, tout à fait intacts. Le rapport de l'événement fait par Etienne Deville, alors conservateur de la bibliothèque et des archives de Lisieux, rapporte que sa crosse qui était posée sur le cercueil de plomb et l'anneau pastoral en argent orné d'une pierre violette furent retirés et déposés au musée du Vieux Lisieux. Malheureusement l'anneau disparut durant les bombardements de 1944. Il ne reste aujourd'hui que quelques fragments de la dite crosse. 
 

 

 7- La réhabilitation de Jeanne d'Arc

Au cours d'une longue enquête ordonnée par Charles VII lui-même, qui y voit un moyen d'affirmer sa légitimité, elle est officiellement réhabilitée le 7 juillet 1456.
Mais sa gloire ne s'arrête pas là. Héroïne ou sainte chacun voit en elle un modèle.
Elle est béatifiée en 1909, canonisée en 1920 et est patronne secondaire de la France.

8- Pierre Cauchon et la postérité

statue jeanne-d_arc-abbaye st germer.jpgBeaucoup de choses ont été écrites sur Pierre Cauchon, sur Jeanne La Pucelle, sur le procès en lui-même. Partisans ou adversaires de l'un ou de l'autre, chacun juge, interprète selon ses convictions les témoignages recueillis ou justifie ses choix. Mais s'il est impossible de citer tous les auteurs qui se sont intéressés de près ou de loin à Pierre Cauchon ou à Jeanne d'Arc, voici deux points de vue très différents à méditer :
En 1901, un avocat rouennais, Albert Sarrazin publie "Pierre Cauchon juge de Jeanne d'Arc". Dans les premières pages, il explique le choix d'un sujet aussi difficile : " on rencontre peu de personnages dont la mémoire soit restée aussi lourdement chargée que celle de Pierre le sinistre évêque de Beauvais. Le nom seul de ce français traître à son pays a soulevé comme un long cri de réprobation à travers les siècles et son œuvre a été l'objet de toutes les flétrissures."
En décembre 1983 à l'Assemblée Nationale un député qui criait "Cauchon" à l'intention d'un collègue a été prié d'épeler, et lui de préciser : " Pas l'animal, monsieur le président, l'évêque!" (Le quotidien le Monde du 23 décembre 1983 cité par François Neveux).


 > Statue de Jeanne d'Arc se trouvant à l'Abbaye de St Germer de Fly (60).

statue jeanne-d-arc_cathédrale.beauvais.jpg

 

> Statue de Jeanne d'Arc, que l'on peut voir
dans la cathédrale de Beauvais:
Il symbolise l'évêque agenouillé devant Jeanne d'Arc et lui demandant pardon du rôle joué par l'évêque Cauchon lors de son procès en 1430.
(Monument commandé par Mgr Le Senne et réalisé par Desvergnes, Jacquin et Chauvin en 1930)

 

> Sources

> Théo - nouvelle encyclopédie catholique
> Les grands procès dans La mémoire de l'humanité
> Chrétiens de l'Oise 
> Charles Fauqueux - Beauvais et son histoire
> Histoire de Beauvais et du Beauvaisis - pays et villes de France 
>  Le Nouvel Observateur HS n°40
> Encyclopaedia Universalis 
> guide touristique Michelin
> François Neveux l'évêque Pierre Cauchon