Sommaire
1- Biographie
2- La chapelle
3- Le pèlerinage
1- Biographie
Marie (née vers 1531) est la fille aînée de Jean Fernel, célèbre médecin du roi de France, Henri II, et de Geneviève de Tournebulle.
Elle épouse Philbert Barjot (1564-1570) originaire de Bresse et présentement seigneur d'Auneuil, d'Orva et de Marchefroy, conseiller du roi, maître ordinaire des requêtes de son palais et président au grand conseil.
Cinq enfants vont naître de ce mariage : Jean, Christophe, Marguerite qui épousera André Bouton, écuyer et seigneur de Chantemesle, Charles qui deviendra, le 30 mars 1588, prieur du monastère fondé à Auneuil vers 1068 et Philbert qui deviendra seigneur de Pantin et brillant mathématicien.
Philbert, son époux, décède en 1570 ; Marie, chatellaine d'Auneuil se remarie vers 1575 avec Charles de Mailly, écuyer, seigneur d'Auxmarais, lieutenant-général des gendarmes du duc de Joyeuse et capitaine des oiseaux de la chambre du roi.
Pour des questions d'héritage et de jalousies, les enfants de ses deux maris se détestent rapidement ; au mois de juin 1583, son fils, Christophe Barjot, seigneur de La Neuville-sur-Auneuil, est tué au marché de Beauvais par Louis de Mailly, frère de son second mari. Ce meurtre, attisé par la haine, appelle vengeance mais les vengeances succédant aux assassinats selon l'usage du temps, il s'ensuit entre les 2 familles, 28 assassinats en une dizaine d'années.
Chaque nouvel assassinat est un déchirement pour Marie. Malgré ses supplications, rien ne semble vouloir arrêter leur soif de meurtres et de vengeance. Aussi fait-elle le vœu d'élever une chapelle, dédiée à Notre Dame de Pitié ou des 7 douleurs, si ses enfants et ses alliés mettaient fin à leurs homicides.
Son souhait étant enfin réalisé, elle fait édifier, vers 1590, la chapelle dans la limite de ses terres, en bordure du chemin d'Ons-en-Bray.
2- La chapelle
La petite chapelle, Notre-Dame de Piété, en briques, s'élève à l'Ouest d'Auneuil au bord de la grande route de Beauvais à Gisors.
C'est à l'origine un sanctuaire de 3m de long sur 3,50m de large (le chœur actuel). La chapelle est vendue 600 livres, à la Révolution, à François Chevalier puis rachetée par la famille Budin, constituée de gros propriétaires terriens, qui en fait l'abandon à la paroisse d'Auneuil.
Elle est restaurée et agrandie d'une dizaine de mètres en 1831 mais c'est surtout à partir de 1880 qu'elle va changer de physionomie ; elle est à nouveau allongée de 4m.
M. Boulenger, fabriquant de carreaux mosaïques et maire d'Auneuil, offre le carrelage.
Les vitraux sont réalisés en 1880 par les ateliers de M. Roussel, peintre-verrier à Beauvais. Ces vitraux ont été restaurés en 1951.
De chaque côté de l'autel se trouvent deux petits vitraux posés en 1981.
L'autel, en chêne, de 1890, est l'œuvre de l'abbé Baguet, curé de Béhéricourt, qui a également réalisé dans l'église d'Auneuil, l'ancien autel principal, les autels latéraux et le banc de communion.
Les bas-reliefs illustrent les mystères du Rosaire. Ils sont réalisés par M. Raymond Lesage, statuaire à Paris et peints par M. Lenormand, peintre décorateur à Beauvais et bénis le 22 mai 1892.
Le clocheton et la cloche ont été ajoutés en 1954.
La statue de Notre Dame de Pitié, en chêne, datée de 1958, est du sculpteur Olivier Séguin.
Au XIX° siècle, précise Graves et Deladreue, on y disait la messe tous les vendredis, et on y venait en pèlerinage de tous les villages environnants le premier vendredi de chaque mois, et surtout le vendredi de la semaine de la Passion.
3- Le pèlerinage
En 1608 une cruelle épidémie de peste décime la paroisse du Vauroux, petit village voisin d'Auneuil. Les habitants portent un cierge à Notre Dame de Pitié et un autre à l'église d'Auneuil où se trouve la chapelle St Sébastien, invoqué contre la peste. Le fléau s'arrête immédiatement, dit-on, et la paroisse reconnaissante fait le vœu d'y faire chaque année un pèlerinage.
>> photo de l'église du Vauroux
Interrompu pendant la Révolution, il est repris en 1804, après une nouvelle épidémie qui désola alors ce pays.
Ce pèlerinage se perpétue encore aujourd'hui. Chaque année au premier mai, les habitants du Vauroux se rendent donc à pied, de leur église à la chapelle puis à l'église d'Auneuil où une messe est donnée.
Le bulletin religieux du 14 mai 1955 relate l'événement : " le pèlerinage se déroula selon le rite traditionnel : procession en chantant et priant au long des 9 km de route, dans le vent, sous le soleil ou la grêle à l'aller comme au retour, la grand'messe en l'église d'Auneuil, l'offrande des deux gros cierges portés par un jeune homme et une jeune fille à saint Sébastien et à la Vierge ; l'après-midi vêpres et salut. L'abbé Cousin, curé de Dompierre, fidèle à l'amitié de M. l'abbé Linard qui fut si longtemps le curé du Vauroux, tira les leçons actuelles de cet acte de foi. Autour d'eux M. l'Aumônier de l'Hôpital de Gisors, MM. Les curés de Trie-Château, La Bosse, Saint-Germer, le doyen d'Auneuil."
>> Statue de saint Sébastien
Sources :
- Graves cantons d'Auneuil & Beauvais
- Deladreue Histoire d'Auneuil - 1874
- Bulletin Religieux du 14 mai 1955