Qu’as-tu fait de ton frère ?
Appelée par le diocèse en avril 2014, cette mission à laquelle je n’avais pas pensé m’a beaucoup interpellée. Je relisais l’évangile de Jésus-Christ selon Matthieu (25,36) : « J’étais en prison et vous êtes venu à moi » afin de pouvoir discerner et répondre sans peur, ni stress ; rejoindre ceux et celles que la société a choisi de mettre à l’écart pour un temps, décision des juges ; accompagner le détenu dans son chemin d’humanité et de rencontre du Christ. Je trouve que c’est une grâce d’être envoyée par le diocèse, la Province et la communauté des Filles de la Charité de Beauvais. « Qu’as-tu fait de ton frère ?» dit la Genèse. Devenir aumônier, c’est répondre à cette question. L’aumônier des prisons est en prison avec tous. Mon rôle sera différent de celui des visiteurs : cheminer avec le détenu, jusqu’à une rencontre avec Jésus-Christ ?...
Quelle qu’en soit la forme, la célébration en prison n’est pas rituelle. Elle fait mémoire du Christ « mort et ressuscité » dans un lieu de « mort sociale », et voudrait aider chaque détenu à apaiser ses révoltes, ses souffrances, en lui faisant découvrir le sens de ces dernières. Avec chacun, avec tous, ensemble, nous demandons à Dieu la force d’une vie renouvelée. La prison rassemble des personnes, et surtout des jeunes, de conditions et de cultures diverses, avec des inculpations et des condamnations différentes. Au-delà des tensions et des conflits, par les rencontres lors de la célébration, l’aumônier peut inviter les membres de l’assemblée à prendre conscience qu’ils vivent une expérience de fraternité. Elle est un moment, me semble-t-il, où les détenus se sentent ailleurs, les femmes particulièrement, ce qui permet une certaine joie, discrète mais réelle.
« Être avec »
Je me sens bien appelée à ce service d’Église dans cette rencontre qui me fera proche des pauvres qui sont les détenus, servant le Christ en eux. Si je suis envoyée derrière les murs, c’est bien pour « être avec », les aimer, réfléchir et célébrer ensemble. « Ah ! Mes sœurs, quel bonheur de servir ces pauvres forçats, abandonnés entre les mains des personnes qui n’en ont point de pitié. » Saint Vincent de Paul, 13 février 1646.
« Seigneur, il est heureux que nous soyons là » (évangile de Jésus-Christ selon saint Luc, 9). Ma conviction est que pour vivre ma mission, il sera indispensable de me former et de relire en équipe ce que nous vivons, de prendre le plaisir de nous retrouver afin de débattre et d’échanger.
SŒUR SIMONE REIX, FILLE DE LA CHARITÉ
Missio septembre 2016 : Beauvaisis
