MESSAGE
" Aujourd’hui, 4 mars, l’Assemblée Nationale et le Sénat se réunissent en Congrès, à Versailles. Ils sont appelés à voter l’inscription dans la Constitution française de «la liberté garantie à la femme d’avoir recours à l’interruption volontaire de grossesse», et à renvoyer à la loi l’organisation des conditions d’exercice de cette «liberté garantie.»
Avec les évêques de France, je redis ma profonde tristesse devant le changement radical, éthique et sociétal, qui sera inscrit dans la loi fondamentale de notre Pays.
Avec beaucoup d’autres, dont la voix est ignorée, j’exprime une très vive inquiétude sur l’avenir de la liberté de conscience et d’expression dans notre pays sur cette question. La manière de parler et d’agir, dans ce domaine comme sur la question de la fin de vie, nous ont habitués aux dénégations vite oubliées, aux procédures «cliquets», aux retournements surprenants.
Il y a des vraies questions autour de la vie en son commencement. Est-il si sûr que l’avortement soit la solution que l’on dit, à l’échelle où elle est pratiquée, avec les arguments qu’on lui donne, et les nombreux biais ou angles morts que l’on a mis aux «débats» ?
La détresse de nombreuses femmes enceintes n’est pas prise en compte. Cette détresse dépasse l’unique question du soin prodigué par la médecine. Une seule issue leur est trop souvent imposée. Trop de femmes sont laissées seules, démunies et en détresse. Personne ne peut s’en satisfaire.
Il n’est pas interdit de penser et souhaiter que des élus puissent se ressaisir aujourd'hui.
Je les confie tous à Saint Thomas More.
Quoi qu’il en soit, il faudra continuer à porter le respect et la dignité absolus de tout être humain depuis sa conception jusqu’à sa fin naturelle, quels que soient son origine, son sexe, ses fragilités, sa vulnérabilité. Certains le feront en conscience ; d’autres le feront en conscience éclairée par leur foi.
Je forme des vœux pressants que nous tous, femmes et hommes, citoyennes et citoyens de France, sachions demeurer fidèles à cette conscience qui veut respecter son semblable, défendre les plus faibles et servir la fraternité. "
+ Jacques Benoit-Gonnin, évêque de Beauvais, Noyon et Senlis
Beauvais, le 4 mars 2024