Beauvais, le 22 août 2019 (Mémoire de la Vierge Marie, Reine)
Pour la seconde fois en quelques jours, la Sainte Réserve a été profanée, dans notre diocèse. C’était en l’église Saint-Samson de Clermont. Le contexte était différent, mais le résultat fut le même.
Les catholiques dans l’Oise sont une nouvelle fois meurtris. Ils se rassemblent dans les églises pour y rencontrer Dieu ensemble ou seuls, pour y vivre des actes heureux ou douloureux de leur existence, pour y puiser des forces nécessaires à leur vie dans la société dont ils sont membres. À Clermont, comme à Compiègne, on a violé le tabernacle, cette petite armoire où sont conservées les hosties, signes de la présence réelle de Jésus ressuscité qui se fait proche, et se donne en nourriture à ses disciples, pour leur communiquer sa force de vie, d’amour, et d’espérance.
Comme chrétiens catholiques, ce nouvel évènement nous attriste davantage, dans la mesure où il laisse supposer que des personnes font des églises une cible pour satisfaire leur addiction ou assouvir leur cupidité. Ma confiance demeure ferme dans les forces de sécurité de notre département qui feront leur travail pour clarifier ces affaires et leur donner les suites qui conviennent.
Au stade actuel, je renouvelle ma demande pressante aux Curés et à tous les fidèles pour qu’ils soient vigilants, particulièrement sur la sécurité des tabernacles contenant la Réserve eucharistique, et qu’ils prennent les mesures qui peuvent s’avérer nécessaires, dans le contexte actuel. Quant aux ciboires contenant la Sainte Réserve et déposés au tabernacle, ne pourrions-nous pas envisager de ne plus utiliser les objets anciens, plus convoités, et de n’utiliser que des objets dignes, mais de moindre valeur ? Plus encore que le ciboire, c’est son « contenu » qui est confié à l’attention, à l’adoration, à la responsabilité de tous les fidèles.
Aujourd’hui encore, le Seigneur attend que nous réagissions « à hauteur d’Évangile » ! Non, aux accusations prématurées ; non à des récupérations suspectes. L’Évangile est un message d’Amour et de fraternité ; il appelle les chrétiens à agir à partir du témoignage de Jésus, et non à partir des passions qui nous habitent, lesquelles doivent être évaluées, maitrisées et (possiblement) purifiées. Ne nous laissons pas dominer par l’amertume, la colère, voire la violence.
Dans le même temps, j’invite tous les fidèles à développer courageusement les actions qui permettront aux églises de rester ouvertes. Elles répondront ainsi à leur destination : accueillir celles et ceux qui veulent en franchir le seuil pour y prier seuls ou avec d’autres, pour y trouver le calme, le silence, le soutien des Saints et la présence mystérieuse du Dieu de Miséricorde.
La fermeture d’une église accroit (d’une manière relative) sa sécurité, mais elle modifie et appauvrit son sens : une église est « Maison de Dieu », d’un Dieu qui s’est fait proche en Jésus-Christ, et veut être accessible. L’ouverture d’une église rend visible et concrète la proximité et l’accessibilité de Dieu. Sa fermeture dit une plus grande distance entre Dieu et les hommes, ou qu’elle n’est qu’une maison d’hommes qu’ils administrent, à leur convenance. Chrétiens, voulons-nous être au service de la proximité de Dieu Un, Grand et Proche ? Sommes-nous disposés à en tirer des conséquences, en essayant de rendre nos églises plus accessibles, en les fréquentant nous-mêmes davantage pour y rencontrer notre Bien-aimé Seigneur (même si, bien sûr, nous pouvons d’abord le rencontrer en nous, et partout où nous vivons !) ?
Ainsi la question de la sécurité des églises doit nous préoccuper, (comme elle préoccupe légitimement les élus municipaux), mais cela ne doit pas être au détriment du sens de ces monuments construits par la foi de nos aïeux, et confiés à la nôtre.
Je célèbrerai une messe de réparation, samedi prochain, 24 août, à 9h, en l’église Saint-Samson de Clermont. J’espère y retrouver de nombreux fidèles.
+ Jacques Benoit-Gonnin,
évêque de Beauvais, Noyon et Senlis